Voyage dans les Alpes (12 - 26 Juin 2009)

Jour 2: Caluire et Cuire - Valloire

Les chiffres du jour:
départ: 10h - arrivée: 21h30
476 km pour 4 cols
- Col de Méraillot - 1605m
- Cornet de Roselend - 1968m
- Col de l'Iseran - 2770m
- Col du télégraphe - 1566m

val isere
Val d'Isère agrandir

Après une route longue et ennuyeuse pour aller à Lyon, j'ai encore quelques kilomètres à faire avant de retrouver des routes sympathiques.

Le matin j'ai rendez-vous avec Francis et Myriam en side-car. Je les retrouve sur le péage de Saint-Quentin-Fallavier à la sortie de Lyon. La centaine de kilomètres d'autoroute qui nous sépare d'Albertville passe assez vite. Autour de nous, les montagnes grandissent au fur et à mesure. Au loin, j'aperçois quelques sommets enneigés.

bonneval
Iseran vue de Bonneval agrandir

Arrivé à Albertville, nous quittons l'autoroute pour enfin rejoindre une route de montagne digne de ce nom. Tout de suite, les virages s'enchaînent. Un petit échauffement pour ce qui s'apprête à venir. Après une petite montée en slalom, nous arrivons dans la vallée du Doron. Large et verdoyante, elle nous amène à Beaufort. Le point de rendez-vous pour rejoindre le groupe est un hôtel-restaurant au milieu du village. Étant un peu en avance sur le groupe, nous profitons d'un temps magnifique pour découvrir les secrets de ce beau village. Quelques cartes postales s'offrent à nos yeux, tels les ruelles étroites et abritées serpentant autour de l'église, et un petit pont de pierre fleuri surplombant une rivière agitée par les eaux printanières.

Rejoins par le reste du groupe, nous prenons place dans le restaurant pour un repas très copieux. Les quelques clients qui essayent d'entrer dans le restaurant sont accueillis par une forêt de casques, et le salut toujours aussi chaleureux des motards. Après plusieurs tournées de gratin dauphinois, nous reprenons la route vers Val d'Isère.

Comme c'est la première fois que je roule en groupe, j'ai du mal à me concentrer en même temps sur la conduite, les autres membres qui m'entourent, et les paysages sublimes qui défilent. Après quelques virages bien serrés, nous arrivons au barrage de Roselend. Devant moi s'étend une retenue d'un bleu vert presque artificiel tant sa couleur est saturée. Après quelques photos d'une cascade impressionnante, nous repartons vers Tignes. Au passage, nous devons nous arrêtez quelques instants pour laisser passer un troupeau de vaches. Les parties encaissées succèdent aux larges vallées alpines. Un grondement sourd et lointain me rappelle régulièrement à l'ordre quand mes yeux ont du mal à se fixer sur la route. Quand la vallée s'ouvre à nouveau, nous découvrons une immense complexe de chalets en pierre. Ces façades de style ancien et typique cachent bien la modernité de la station. Après avoir laissé derrière nous un second village à dimension bien plus humaine , nous partons pour le col de l'Iseran. Huit cents mètres de dénivelé plus haut, nous pouvons admirer les sommets enneigés qui nous entourent. La route très étroite n'est pas des plus rassurantes, et les énormes camping-cars que nous doublons y ajoutent un petit piquant très agréable. A mi-chemin, les premiers murs de neiges apparaissent. Au trois quart du chemin, nous passons sous une falaise de neige. La route trace une tranchée profonde dans une coulée de neige. Avec la force du soleil, une partie fond et s'écoule sur la route, laissant une petit filet humide. En haut du col, les seules surfaces planes non recouvertes par la neige sont la route et le toit d'un refuge. Nous continuons alors pour redescendre vers des endroits plus verdoyants. Plusieurs fois, nous tombons sur d'énormes blocs de neige au milieu de la route. Quelques lacets plus loin, c'est au tour des marmottes d'entrer dans la danse. Elles regardent les motos défilées toute la journée, et surveillent les quelques motards fous en quête de sensations. Arrivée à Bonneval, nous nous arrêtons dans un café pour attendre les retardataires. Après quelques coups de fil, il s'avère que le side-car à crever et qu'il est coincé au milieu du col. Avec l'heure tardive et la longue route qu'il nous reste à faire, le groupe se sépare. Une partie part pour le point de chute pour préparer l'hôtel, une autre vers le garage le plus proche pour récupérer un pneu neuf, et enfin, je pars avec Philippe pour retrouver Myriam qui surveille sagement le side-car sans son pneu.

Je profite de ce moment de solitude pour prendre quelques photos. Avec l'heure tardive, le soleil se reflète sur les glaciers, donnant des contrastes et une lumière surnaturelle. J'en profite également pour partir à la chasse à la marmotte. Malgré la lenteur de ce petit mammifère, je ne dégaine pas mon appareil suffisamment rapidement pour emporter avec moi quelques souvenirs photographiques.

Je rejoins ensuite Philippe et Myriam qui m'attendent sur le bord d'un précipice avec une vue imprenable sur Val d'Isère. Nous sommes rapidement rejoins par le convoi de secours qui amène avec lui le pilote et le pneu du side-car. Quand nous repartons, il est déjà vingt heures, et il nous reste encore une heure et demi de route. Avec plus de trois cents kilomètres dans les roues, la fatigue commence à se faire sentir. Sous un soleil déclinant, je repasse le col de l'Iseran pour la troisième fois de la journée. Arrivés en bas, nous commençons à profiter pleinement de la fraîcheur des soirées montagnardes. L'ombre des sommets qui nous entourent additionnée à l'heure tardive à laquelle nous circulons nous évitent de faire surchauffer nos machines déjà bien essoufflées par tant d'ascension. Pendant un petit arrêt au stand pour donner à boire à ma monture, j'en profite pour enfiler ma tenue d'explorateur polaire. Le ciel commence maintenant à s'obscurcir, et pas à cause de nuages. La route est de plus en plus difficile à distinguer, et la fatigue m'oblige à allumer le pilote automatique. C'est assez atypique de rouler de nuit en pleine montagne, mais cela me donne l'occasion de pouvoir admirer les halos lumineux des quelques ruches humaines qui parsèment la vallée.

Arrivés à l'hôtel, nous nous jetons sur nos assiettes de paella. Après un repas à la hauteur de mon périple de la journée, je pars pour un repos bien mérité. Je peux enfin évacuer le stress de la journée. N'étant pas parmi les plus rapides du groupe, loin de là, je devais en permanence surveiller mes arrières pour ne pas gêner les Valentino Rossi du groupe. Additionnés aux paysages fourbes qui détournent l'attention de la route avec leurs formes avantageuses (précipices sans fond, sommets titanesques), j'ai usé rapidement ma réserve de concentration. Au final, Paris est loin, aussi bien en distance que dans la tête. Je commence à peine à réaliser le bonheur dans lequel je suis, et je me rends encore moins compte qu'il va durer pendant quinze jours.



Cédric Rabemananjara - copyright 2009