Jour 3: Valloire - Vevey
Les chiffres du jour:
départ: 9h30 - arrivée: 19h00
411 km pour 7 cols
- Collet du Plan Nicolas - 2406m
- Col du Galibier - 2646m
- Col du Lautaret - 2058m
- Col du Glandon - 1924m
- Col du Vorger - 710m
- Col des Montets - 1461m
- Col de la Forclaz - 1526m
Deuxième et dernier jour avec le groupe, ce matin, nous partons déjà en altitude. Le village est à 1430 mètres. De ma chambre, je vois directement des sommets enneigés. Après un petit déjeuner copieux, nous partons en direction du col du Galibier. Comme mes bagages sont longues à attacher, je pars un peu en retard par rapport au groupe. En forçant un peu l'allure, je les rattrape assez rapidement.
Quelques kilomètres après Valloire, je suis déjà dans un autre monde. Je suis encerclé par des sommets à moitié enneigés soutenus par des prés verdoyants et mouchetés par quelques affleurements de pierre brune. La nature a chassé l'homme de ce petit coin de paradis. La seule trace qu'il a réussi à laisser est un mince filet de goudron qui peine à se sortir de la neige (le col n'est franchissable que quatre mois dans l'année). Arrivé en haut, le col offre un panorama à 360 degrés, avec d'un coté la vallée de l'Arc, surplombé par le Mont Blanc, et de l'autre la vallée de la Guisane menant à Briançon. Après une petite pause photo, Francis me propose un tour en side-car. Je me laisse entraîner pour une ballade au raz du sol et au bord du précipice, à une vitesse peu recommandée. C'est l'occasion de découvrir le paysage et la moto d'un autre point de vue. Quelques lacets et dérapages plus loin, je descends du side-car heureux et le cœur battant. Je reprends alors mon fidèle destrier plus discret mais aussi plus fougueux.
A mon grand désarroi nous quittons rapidement ces paysages enchanteur pour arriver dans la vallée de la Romanche. Nous faisons une petite halte dans un café de La grave au pied de la Meije. Un éperon rocheux laisse apparaître des circonvolutions géologiques. Quelques sapins s'y accrochent en attendant d'être balayés par la première avalanche de pierre ou de neige.
Nous continuons ensuite pour rejoindre la retenue du barrage de Chambon. Je retrouve alors les gorges de la Romanche qui m'avait accueilli trois semaines plus tôt lors de mon week end de reconnaissance. Comme toutes gorges qui se respectent, elles m'ont accueilli avec une bonne dose de vertige. On se dit que la deuxième fois, la pilule passera mieux mais il n'en est rien. La route très tortueuse ne laisse pas trop le droit à l'erreur. Une seconde d'attention pour les paysages et donc d'inattention pour la route, et c'est l'envol assuré vers de meilleurs cieux ou vers le fond du ravin où gronde le torrent. Coaché par Yves, un des membres du groupe, j'arrive en bas vivant et chaud comme la braise.
Nous enfilons rapidement les quelques kilomètres qui nous séparent du prochain col. Nous partons en direction de la Croix de fer en passant d'abords par une petite route sinueuse. Arrivé à une altitude suffisante, nous bifurquons pour emprunter la quintessence du sinueux et étroit. Les voitures que nous croisons sont obligées de manoeuvrer pour nous laisser passer, et je me demande comment vont-elles faire lorsqu'elles vont croiser le side-car. La route nous offre un panorama magnifique vers des abysses verdoyants.
Nous rejoignons ensuite le barrage de Verney où se trouve le musée Hydrelec. Après avoir traverser un viaduc qui enjambe la retenue dans le sens de la longueur, je remonte la chenille pour faire signe à la tête que je compte partir devant. Comme je vais me séparer du groupe avant la fin de la journée, je comptais le prendre en photo en partant devant. Dans mon empressement, je rate l'embranchement pour aller au restaurant de midi à Vaujany. Je reviens alors en arrière en quatrième vitesse. Arrêté au restaurant, je me fais chambrer sur ma lenteur pour franchir trois petits virages. Après un bon repas bien gratiné, je repars avec Yves en direction de la Suisse. Nous prenons alors la route du col du Glandon. Malgré sa faible altitude (seulement 1926 mètres), les paysages sont tout de même très dépaysant. Les seuls arbres qu'on trouve sont sur des panneaux publicitaires accrochés au bar-refuge qui décore le col. Le décor oscille entre champs de cailloux et montagnes d'herbes où profitent quelques vaches. Nous descendons ensuite sur une route en mauvais état. Entre le gravier, les bandes rugueuses et les nids de poules, notre descente est assez folklorique. Les arbres font rapidement leur apparition, de même que le torrent grondonnant. Sur une quinzaine de kilomètres la route est un calvaire d'obstacles.
Arrivé à Saint Rémy de Maurienne, nous partons en direction d'Albertville. Une petite erreur de navigation nous amène sur une petite route tortueuse, au lieu de la départementale "autoroute" constituée d'une grande ligne droite et d'une voie large. Du coup le trajet est bien plus fun, même si au niveau timing, ça n'est pas forcément le chemin le plus approprié. Après Albertville, nous continuons vers Chamonix. La route très touristique est bondée de voitures. Nous doublons un convoi de caravanes d'une longueur hallucinante. En roulant, il nous faut plus d'une dizaine de kilomètres pour en venir à bout.
A Chamonix, nous nous arrêtons une petite demi heure, ce qui me laisse le temps d'admirer le cœur de la ville et le glacier qui la surplombe. Nous repartons ensuite pour la dernière ligne droite vers Vevey via Martigny. Entre temps, le ciel s'est couvert et les nuages deviennent menaçant. En approchant de la frontière, la route s'humidifie. Un déluge nous accueille en Suisse, et je reconnais à peine la vallée qui m'a guidé vers Aoste un an plus tôt. A Martigny, nous passons parmi des vignes magnifiques réparties dans des escaliers de pierre.
En direction du lac Léman, la vallée est large et très venteuse. Complétée par une circulation extrêmement dense (voir quelques bouchons) et un temps horrible (avec la pluie, je ne vois pas plus loin que le feu stop de la moto qui me devance), je suis très heureux d'arriver à Vevey, et j'apprécie grandement l'hospitalité d'Yves. Même si le temps ne permet pas de l'apprécier, l'appartement avec un balcon donnant directement sur le lac est très sympathique.
Après une bonne raclette et une séance de séchage intensif, je pars me coucher des émotions plein la tête. Ce troisième jour en bonne compagnie me laisse plein de souvenirs. J'aurais bien aimé rester un peu plus longtemps avec ce groupe si chaleureux, mais les contraintes de chacun en ont décidé autrement.