Voyage dans les Alpes (12 - 26 Juin 2009)

Jour 5: Domodossola - Saint Moritz

Les chiffres du jour:
départ: 9h30 - arrivée: 19h30
290 km pour 3 cols
- Passo Del San Bernardino - 2066m
- Splügenpass - 2115m
- Malojapass - 1815m

route du Splügenpass
route du Splügenpass - coté suisse agrandir

Aujourd'hui, pas d'attractions touristiques mais de nombreuses routes tortueuses avec en prime deux grands cols. J'oscille entre la Suisse et l'Italie, ma route croisant plusieurs fois la frontière.

Je commence par quitter Domodossola en direction de Locarno. La route est très tortueuse car elle suit un petit torrent, mais large et bien aménagée. Cela me permet de bien m'amuser dans les virages sans craindre les véhicules qui pourraient arriver en face. Après une petite erreur de navigation qui m'amène devant une église magnifique, j'arrive sur une petite route qui pourrait presque être assimilée à un chemin goudronné. Avec la chaleur ambiante, les nombreux passages sous les arbres sont très agréables. Sur cette partie très technique, chaque virage doit se négocier habilement. Même si la route n'est pas toujours en bon état, je commence à me dire que c'est une des parties les plus funs de mon voyage jusqu'à présent. De temps en temps, je m'arrête pour profiter du paysage et notamment de l'éternel torrent qui gronde au fond. Comme la vallée est très peu habitée, il n'y a quasiment aucun autre véhicule. Après une trentaine de kilomètres de plaisir, j'arrive sur les rives du lac majeur. Je le retrouve tel que je l'ai laissé un an plus tôt, avec un soleil de plomb et une visibilité ne permettant même pas d'en voir le bout. Pour ce qui est de la circulation, je suis plus chanceux, car elle passe de bondée à dense. Cela me permet d'apprécier un peu mieux le panorama en même temps que je roule. Après une petite pause entretien pour vérifier la pression des pneus, graisser la chaîne et faire le plein d'essence, je continue vers Locarno.

route du Splügenpass
Splügenpass agrandir

Pour éviter la circulation à travers la ville, je prends un tunnel de plusieurs kilomètres. J'entre ensuite dans la vallée qui mène à Bellizona. La route m'amène rapidement dans une magnifique petite vallée. Quelques grands ponts de béton viennent gâcher ce paysage, mais ils sont bien pratiques pour absorber la circulation et me laisser une route dégagée (la route que j'emprunte serpente autour de l'autoroute).

Je m'arrête sur le bord de la route pour déjeuner. Je profite d'un petit parking sous les arbres pour m'installer confortablement. Après avoir dégusté un taboulé Carrefour, je m'assoie au pied d'un arbre pour rédiger mon journal sur lequel je suis en train de prendre du retard. Je suis bientôt rejoins par un troupeau de chèvres qui vient ajouter un fond sonore très inspirant. Celui-ci est mené par un bélier tout droit sorti d'un film. Il est l'incarnation du vieux sage, avec une biquette aussi fournie que les années d'une longue vie bien remplie. Ses cornes au moins trois fois plus grosses que celles de n'importe quel individu du groupe en faisait le maître incontestable des lieux, et sûrement incontesté. Pendant la rédaction de mon journal, je me fais aborder par une petite bestiole noire et dorée. Celle-ci vole de manière plus ou moins stationnaire en battant très vite des ailes. Elle est trop grosse pour être un simple insecte, mais trop petite pour être un oiseau. Je décide alors de prendre une photo pour pouvoir l'examiner de plus près, mais ces mouvements très rapides et aléatoires ne me le permettent pas. Après de longues minutes de patience, un spécimen se pose sur une fleur près de moi. Je peux alors immortaliser ce petit animal volant non identifié. Après examen de la photo, il s'avère que c'est un papillon. Muni de ma preuve, je reprends la route en direction du col de San Bernardino.

Après avoir joué plusieurs fois au plus malin avec mon GPS, je préfère suivre ses indications à la lettre pour les directions à suivre (sans aller jusqu'au demi tour sur autoroute). J'entre alors dans un tunnel sans me rendre compte que je suis en train de zapper une des grandes étapes de la journée, il passo del San Bernardino. Après plusieurs kilomètres, je ressors de l'autre coté de la montagne, un peu énervé d'avoir suivi mon GPS sans réfléchir. Je fais alors demi tour pour emprunter le col par la route que j'avais prévu. Après avoir traversé un terrain militaire, j'arrive dans les premiers lacets du col. J'en enchaîne un premier puis un deuxième, puis un troisième. Au bout du septième, je commence à sentir une légère douleur dans la main qui tient l'embrayage. Les lacets serrés et rapprochés m'obligent à jouer de la main gauche (celle qui tient l'embrayage) comme j'en ai rarement eu l'occasion. Quelques centaines de mètres plus haut, je suis au milieu d'un paysage connu. Je retrouve en effet les déserts glacés et enneigés des grands cols français (Galibier, Iseran), avec quelques petits bassins où baignent de minis icebergs. Je redescends ensuite de l'autre coté pour rattraper l'entrée du tunnel. Les lacets sont ici moins nombreux et les virages plus larges, mais toujours aussi techniques. Arrivé en bas, je suis chaud comme la braise et décide de reprendre le col dans l'autre sens. Pour parcourir les quinze kilomètres du col, je mets dix-huit minutes.

Après ce petit effort, je laisse la moto reprendre son souffle jusqu'au prochain col. Quelques kilomètres plus loin, j'arrive à l'entrée du Splügenpass. Là encore, le col commence avec un bon échauffement: une bonne série de lacets. Vu de haut, cela ressemble à un manège, avec son serpentin qui se déroule dans le vide. La première partie de la descente est moins folklorique dans sa configuration, mais le manque de lacets et est compensé par de beaux paysages, avec notamment quelques barrages en pierre. Après avoir quitter les prairies alpines, j'arrive au niveau de la forêt, dans la deuxième partie de la descente. Je découvre alors un tracé hallucinant avec une route construite sur un mur. Le versant est tellement abrupt que les demis tours des lacets se font dans des tunnels. Là où l'enchaînement de lacets de la première partie passait pour un escalier, ici le tracé hallucinant serait plutôt une échelle. Pour moi qui ai rapidement le vertige, c'est un vrai supplice. Heureusement pour moi, ce passage est aussi abrupt que court.

Je continue ensuite dans une vallée avant de tourner en direction de Saint Moritz. J'emprunte alors mon dernier col de la journée, le col de la Maloja. La route est blindée de touristes qui se dirigent vers la même ville que moi, ou tout du moins le même canton. Du coup la montée est juste longue et fastidieuse. En arrivant en haut du col, un hôtel pharaonique marque l'entrée de la vallée de la haute Engadine. Isolé, ce palace sort complètement du décors, bordant le lac de Segl et entouré d'arbres. Je continue sur Saint Moritz pour arriver dans une ville remplie de châteaux. Les designs extravagants se succèdent à en faire pâlir Louis II (le roi qui commanda la construction de Neuschwanstein). J'essaye alors un premier hôtel qui a l'air d'avoir des prix raisonnables pour la ville. La maîtresse d'hôtel m'accueille en français, ce qui est bien agréable au milieu d'un périple où je suis perdu entre l'italien et l'allemand. J'en profite pour faire plaisir à mes papilles en prenant des raviolis à la ricotta en entrée, suivi d'un ragoût d'agneau et ses beignets de pommes de terre aux fines herbes.

Pour la première fois, je peux parler d'un itinéraire vraiment technique. Durant les premiers jours, les cols et les lacets s'enchaînaient, mais tant sur le nombre que sur la difficulté, il n'ont rien à voir avec ceux que je viens de rencontrer.



Cédric Rabemananjara - copyright 2009