Jour 7: Schuls - Innsbruck
Les chiffres du jour:
départ: 10h00 - arrivée: 19h00
272 km pour 3 cols
- Timmelsjoch - 2509m
- Passo Di Monte Giovo - 2099m
- Brennerpass - 1375m
Aujourd'hui, j'entre dans le quatrième pays de mon périple: l'Autriche. Pour passer la frontière, je suis l'Inn, un des affluents du Danube. Sous un soleil chaleureux, je quitte la basse Engadine.
Je me ballade dans un pays carte postale. La plupart des maisons sont peintes et pour certaines, on pourrait les qualifier d'œuvre d'art. Les peintures ne se limitent pas aux simples bords des fenêtres et des murs. Certaines sont de vrais tableaux, la plupart du temps liées à la Bible. Avec des montagnes à moitié enneigées, des forêts de sapins, et des champs verdoyants avec quelques vaches pour soigner le fond sonore, le Tyrol autrichien se présente bien. Vu le nombre de motards que je croise, je suppose que j'ai choisi le bon coin. En plus des paysages magnifiques, la route est effectivement agréable. Un peu plus large que deux voitures, elle me permet de croiser les véhicules en vadrouille dans ce parc naturel sans danger.
Je continue pour arriver à Imst. Le décors est toujours le même (montagne, forêts, prairies), mais cette fois, les maisons sont d'un autre niveau avec des toitures en bulbes, des sculptures sur les poutres et sous les toits, et des peintures sur toutes les surfaces disponibles.
Après quelques kilomètres, je laisse l'Inn derrière moi pour repartir en direction de l'Italie. J'emprunte alors la vallée de l'Ötztal. Je ne me lasse ni de ces paysages, ni de ces routes. Au fur et à mesure que je m'approche de l'Italie, la concentration de motos augmente radicalement. Régulièrement, je me fais doubler par des fous furieux avec des motos sportives. J'ai également l'occasion de doubler quelques papys sur leur moto de voyage (grosse BMW, goldwing et autres). Mon GPS étant complètement perdu, je décide de faire confiance au flux continu de motards pour me diriger. Je passe alors une barrière de péage pour arriver dans un autre monde. Bien sûr, je retrouve le manteau neigeux des grands cols. A certains endroits, un mur de neige de plusieurs mètres borde la route. Il y a quelque chose dans ce paysage qui respire l'isolement. Deux ou trois maisons abandonnées dont il ne reste que les murs montrent que la nature reprend vite ses droits ici. Je m'arrête en haut du col à 2509 mètres. Pour déjeuner, je monte en haut d'une petite colline qui surplombe la route pour apprécier la vue à 360 degrés. Coté italien, le col est plus impressionnant et moins neigeux. J'arrive quasiment directement sur un à pic de plusieurs centaines de mètres, et malgré les nombreux cols que j'ai franchi ces derniers jours, je n'arrive toujours pas à m'y faire. Je laisse passer les motards qui n'ont pas l'air de se rendre compte qu'il manque quelque chose d'un coté de la route.
A l'approche de la vallée, je retrouve une allure normale. Les villages que je croise n'ont pas grand chose d'italien, et j'ai encore l'impression d'être dans le Tyrol autrichien. La montée pour le col suivant est très proche, et j'ai à peine le temps de me remettre de mes émotions que les premiers lacets arrivent. Je me retrouve alors avec quelques motos pressées dans mon dos. Je les laisse me doubler afin de ne pas être trop stressé, mais surtout afin de ne pas être surpris par une manœuvre inattendue de leur part. Pour m'amuser, j'essaye de suivre le dernier qui me double. Plusieurs fois, je me laisse surprendre par quelques virages bien serrés. Comme j'ai déjà plusieurs jours d'échauffement, je ne m'en sors pas trop mal, mais l'excès d'adrénaline m'oblige à me calmer aux deux tiers de la montée. La première partie étant dans les arbres, je peux me concentrer sur la route, mais la fin du col étant dégagée, le fait que je me calme est un bon prétexte pour pouvoir admirer le paysage.
Le passage de ce deuxième col m'amène dans la vallée de l'Isarco qui mène à Innsbruck, via un dernier col à Brenner. Une quinzaine de kilomètres avant l'arrivée, je bifurque pour prendre une petite route parallèle qui serpente un peu plus haut dans la vallée. Plus technique que l'autoroute qui borde la rivière, elle me permet également de profiter un peu plus du paysage.
Arrivé à Innsbruck, je cherche l'hôtel recommandé par le guide vert. Pour 37 euros, j'ai une chambre au cœur de la vieille ville, à cinquante mètres de l'attraction touristique du petit toit d'or, construit par l'empereur Maximilien de Habsbourg en 1494. Comme il est encore tôt, j'en profite pour faire un petit tour à pied dans la vieille ville. Là encore, je peux admirer les peintures des maisons. La ville est un vrai musée à ciel ouvert. Plusieurs enseignes en fer forgé retiennent également mon attention, tant par leur finesse que par leur taille.
Je m'installe ensuite à la table d'un restaurant que m'avait conseillé la maîtresse d'hôtel. En terrasse, je peux alors pleinement profiter d'un concert très folklorique. Un orchestre, une chorale et une troupe de danseurs se succèdent pour illustrer le folklore tyrolien. Avec une assiette de grillade spécialité de la région, ce dîner-spectacle vient donc très agréablement conclure cette journée.
Durant la journée, j'ai eu l'occasion de bien travailler ma technique. Plusieurs fois, je me suis demandé si mes sacoches n'allaient pas toucher la route tellement la moto était penchée. Les courbes longues et très régulières me permettaient de tester mes limites sans grand danger. La beauté des paysages tyroliens retient tout particulièrement mon attention.