Voyage dans les Alpes (12 - 26 Juin 2009)

Jour 8: Innsbruck - Lindau

Les chiffres du jour:
départ: 10h00 - arrivée: 20h00
233 km pour 1 col
- Ammersattel - 1082m

Château de Linderhof
Château de Linderhof agrandir

Toujours aussi peu de kilomètres de prévu aujourd'hui, mais le programme du jour est bien rempli. Je visite les deux autres châteaux de Louis II, Neuschwanstein et Linderhof. Le premier que j'avais visité un mois auparavant, Herrechiemsee m'avait fortement impressionné et je me demande ce que seront les deux à venir.

Malheureusement pour moi, le beau temps n'est pas au rendez-vous. Je quitte Innsbruck sous la pluie, et j'avance la tête dans les nuages. Je peux difficilement apprécier les paysages qui m'entourent car je les distingue à peine. De même, comme la chaussée est humide, je reste très prudent, et je ne profite pas vraiment des quelques courbes que la route a à m'offrir. Du coup la centaine de kilomètres qui me sépare de Linderhof passe très vite. La seule chose que je retiens est quelques bouts de montagnes qui dépassent des nuages.

Arrivé à Linderhof, je gare la moto au parking du château. Le bon coté du mauvais temps est qu'il y a peu de touristes. La visite n'en est que plus agréable. Pour les quelques photos en extérieur que je prends, j'ai le droit à un brin de soleil. Cela enorgueillis un peu le sujet. Linderhof est le château où Louis II a résidé le plus longtemps. L'endroit est très personnel, presque intime. Le château en lui même est très petit. Mais il est entouré de petits édifices parsemés dans le parc. Les influences sont assez variées de l'architecture bavaroise à l'antiquité en passant par l'inspiration mauresque. A ce sujet, les bâtiments mauresques sont impressionnants de détails, de précision, et de finesse. Ils me font faire un voyage de plusieurs milliers de kilomètres en un instant, et les seuls éléments qui permettent de savoir que je suis bien en Europe sont les essences qui m'entourent. Malgré le pullulement de détails, l'ensemble reste agréable à l'œil. Pour pouvoir apprécier pleinement la finesse du mobilier, un éclairage très doux illumine l'intérieur du bâtiment. Les jardins du château sont également remplis de magnifiques statues, chacune ayant une posture assez dramatique. L'utilisation du relief pour créer des escaliers de verdures est savante. L'ensemble du château et de ses jardins imprime un sentiment très serein, mais pas forcément approprié pour la gouvernance d'un pays. Ce lieu est plus une retraite apaisante pour l'esprit. C'est sans doute pour cette raison que Louis II y a séjourné aussi longtemps. Après être passé au statut de simple touriste, je poursuis sur ma lancée pour visiter Neuschwanstein.

Là encore, le mauvais temps gâche un peu la partie. Même si le château est très impressionnant de l'extérieur, la grisaille ternie un peu trop l'éclairage et les couleurs de la forêt alentour. Pour ne rien arranger, la moitié du château est noyé sous des échafaudages et je ne peux qu'apprécier sa silhouette. J'entre alors dans le château pour une visite guidée. Comme à Herrechiemsee, il est interdit de prendre des photos. Mais le caractère exceptionnel des décorations me grave immédiatement ces images dans ma mémoire. Le moindre recoin est peint ou sculpté. La profusion impressionnante de détails me laisse pantois. Neuschwanstein est à l'art médiéval ce que Versailles est à la renaissance française, un joyaux, une perle rare qui concentre et transcende les principes de l'époque qu'il représente. Louis II voulait que ce château soit l'incarnation des opéras de Wagner (un certain nombre de salles reprennent les thèmes et les légendes de ces opéras en les illustrant par d'immenses fresques murales). Les trois salles les plus marquantes sont la salle du trône avec notamment une mosaïque au sol avec quasiment deux millions de carreaux, la chambre avec des sculptures gothiques en bois qu'il a fallu quatre ans pour réaliser (et notamment le dessus du lit recouvert de pinacles dignes d'une grande cathédrale), et enfin la salle de concert qui surplombe le château avec de grandes fresques qui illustrent la légende de Parzifal avec une scène de nature (la sainte forêt entourant le Saint Graal). L'intérieur est aussi magique que l'extérieur du château, si ce n'est plus. Mais mon avis pourrait être biaisé par le mauvais temps et les travaux. Comme Herrechiemsee, le château n'a pas été achevé. Un tiers était construit à la mort de Louis II, et les travaux ont été stoppé net. Six semaines après sa mort, Neuschwanstein était transformé en musée. A la sortie de la visite guidée, je fais un détour par le pont qui surplombe la cascade derrière le château, le Marienbrücke. Il offre une vue magnifique sur les échafaudages du château avec en fond la campagne bavaroise.

Après tant d'émotions, je reprends la route un peu tard. Comme il me reste encore cent kilomètres jusqu'à Lindau, j'essaye de ne pas traîner. Le mauvais temps ne m'y aide pas vraiment. Le soir, je dîne dans une gasthause très joyeuse. Un groupe d'allemands est en train de fêter l'anniversaire d'un ami, et comme la veille, j'ai le droit à un concert typique, le groupe se mettant à chanter plusieurs fois en l'honneur de la personne en question.

Malgré le mauvais temps, j'ai quand même apprécié cette journée. Elle sort un peu du lot par rapport au reste de mon périple, car même si j'ai emprunté des routes sympathiques, les attractions du jour étaient plus touristiques que liées à la moto comme les jours précédents. Maintenant que j'ai vu les trois châteaux de Louis II, je peux dire que lequel je préfère, en l'occurrence, Neuschwanstein. Le thème qu'il illustre est suffisamment atypique pour le démarquer des deux autres. Dans tous les cas, les trois sont une ode à l'art et la beauté, et viennent parfaitement compléter les paysages bavarois.



Cédric Rabemananjara - copyright 2009